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LES TROUBLES DU RYTHME VEILLE - SOMMEIL
Les troubles du rythme veille-sommeil naissent d'un conflit entre les rythmes biologiques internes et les synchroniseurs externes (décalage horaire, horaires tournants ) ou d'un dérèglement propre des rythmes endogènes (syndrome de retard de phase, rythme hypernycthéméral ).
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LES VOLS TRANSMÉRIDIENS
Le
nombre de voyageurs empruntant les vols aériens long-courriers
ne cessent de croître. Ces voyageurs comme les équipages
sont soumis à un syndrome de désynchronisation du aux franchissement rapide des fuseaux horaires.
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"L'Horloge Biologique" - Radio-Canada |
Dans
le cas d'un vol vers l'ouest, le temps propre du sujet
est en avance par rapport au temps ambiant; il est en retard de phase par rapport à son environnement. Dans le
cas d'un vol vers l'est au contraire, le temps ambiant
avance plus vite que celui du sujet; celui-ci est en avance de phase par rapport à son environnement. Après un vol transatlantique vers l'ouest (Paris => New York), la première moitié de la première nuit correspond à la seconde moitié de la nuit selon le temps propre du sujet et la deuxième moitié de la nuit correspond à la matinée. L'adaptation est ici assez rapide au contraire de ce qui se passe après un vol vers l'est (New York => Paris), où la première nuit peut être assez bonne si le sujet ne dort pas dans l'avion et ne fait pas la sieste en arrivant mais où, au cours des nuits suivantes, les effets du décalage horaire se manifestent par un sommeil très instable, qui ne s'améliorera que progressivement. Ce phénomène est appelé "effet d'asymétrie".
A
l'heure actuelle, il n'existe aucune substance capable de
resynchroniser un décalage horaire de plus de 5 heures, même si le produit le plus étudié à l'heure actuelle est la mélatonine, hormone sécrètée par la glande pinéale. La photothérapie - soit des expositions prolongées à des lumières vives - est également à l'étude.
Le mieux est encore de renforcer les synchroniseurs sociaux et de conseiller au sujet de s'adapter le plus vite possible au temps local, en évitant à tout prix la sieste, surtout si elle survient à un moment inapproprié du rythme circadien veille-sommeil.
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Le sujet souffre alors, à partir
du franchissement de 5 fuseaux horaires, d'un manque chronique
de sommeil et pourra se sentir fatigué et manifester quelques troubles de l'humeur (irritabilité, anxiété, dépression ) voire quelques troubles fonctionnels (céphalées, troubles gastro-intestinaux). La durée des perturbations dépend donc du nombre de fuseaux horaires franchis.
De plus, le temps de récupération varie beaucoup d'un sujet à l'autre (sujets "du soir" ou sujets "du matin") et selon l'âge: les sujets jeunes se resynchronisent plus vite que les personnes âgées
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TRAVAIL POSTÉ - TRAVAIL DE NUIT ET HORAIRES TOURNANTS
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Dans
les sociétés industrialisées, 20% de la
population active travaillent de nuit ou en horaires tournants. Ces travaux sont, de plus, souvent des travaux de surveillance, qui ne peuvent pas être normalement exercés par un sujet somnolent ou tout simplement fatigué.
Ces travailleurs se trouvent en contradiction avec leurs propres
rythmes biologiques et en opposition avec leur entourage,
dont ils ne suivent pas le rythme d'activité, ce qui provoque
souvent des difficultés d'ordre familial et social.
Outre les grandes variations interindividuelles
dans les capacités d'adaptation au travail de nuit, les
sujets avançant en âge deviennent de plus en plus
intolérants et présentent progressivement des troubles variés, qui doivent leur faire reprendre rapidement un horaire de jour.
Le sommeil de jour est loin
d'être réparateur : il survient dans un environnement
défavorable (bruits, lumière ) et se situe dans
une portion défavorable du rythme circadien, au
moment où la température corporelle remonte et où
la pression de sommeil paradoxal se fait la plus forte. Ce sommeil
est donc généralement trop court et ne
comporte pas l'organisation normale d'un sommeil de nuit.
S'installe rapidement un état de privation chronique
de sommeil, avec apparition de troubles variés (dépression, irritabilité, troubles gastro-intestinaux ). L'excès de poids chez de nombreux travailleurs postés est une observation banale. En outre, on note une surconsommation de tabac, de café et parfois, d'alcool.
Le travail en horaires tournants ajoute à tous ces problèmes, ceux dus aux changements constants d'horaires de sommeil. L'adaptation est encore plus difficile et la déprivation chronique de sommeil encore plus importante. Des rotations courtes (2 à 3 jours) semblent plus favorables que des rotations longues (8 jours) puisqu'elles ne permettent pas à l'organisme de modifier ses rythmes circadiens et limitent le risque d'un manque de sommeil trop important.
Ce manque chronique de sommeil peut avoir des conséquences graves quoique mal connues sur la santé physique et psychique des sujets mais aussi, du fait de la
somnolence quasi inévitable qu'il induit au poste de travail,
a sur le plan de la sécurité comme sur le plan
légal des incidences économiques et sociales importantes
: accidents dans les centrales nucléaires, accidents des
moyens de transport Les épisodes de somnolence comme les
erreurs de lecture des instruments de contrôle et de mesure
ne se distribuent pas également au cours de la journée
et de la nuit. Ils surviennent essentiellement entre 2 et 6 heures
du matin et moins fréquemment entre 2 et 6 heures de l'après
midi. C'est à ces moments que se produisent le plus
d'accidents de la circulation attribuables à la fatigue.
Ces deux périodes constituent les deux points vulnérables
du rythme circadien, puisque les décès, toutes causes
confondues, surviennent aussi essentiellement entre 4 et 6 heures
du matin et moins fréquemment entre 2 et 4 heures de l'après
midi. Le manque chronique de sommeil additionne donc ses effets
à ceux liés aux points vulnérables
du rythme circadien de vigilance, d'attention et de performance. La réglementation et l'organisation du travail doivent donc tenir compte des rythmes biologiques de l'homme régulant toute sa physiologie, surtout pour des activités potentiellement dangereuses pour l'individu et l'environnement.
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LES DÉRÉGLEMENTS PROPRES DES RYTHMES ENDOGÈNES
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- Certains sujets présentent un syndrome de retard de phase. Ils adoptent spontanément une heure de coucher très tardive leur permettant de s'endormir immédiatement; l'envie de dormir survient chez eux tardivement au cours de la nuit ou tôt le matin. Ils peuvent alors subir, surtout si ils sont de gros dormeurs, des privations de sommeil sévères se manifestant par les signes habituels du manque de sommeil (irritabilité, instabilité psychomotrice, troubles de l'attention et de la mémoire, alternance rapide de dépression et d'euphorie, hyperphagie). Ce retard de phase est surtout retrouvé de façon saisonnière chez l'adolescent. Pendant leurs mois de vacances, ces jeunes prennent l'habitude de se coucher fort tard (3-4 heures du matin) et se retrouvent, au moment de reprendre leur rythme scolaire, en contradiction avec les synchroniseurs sociaux. Il vont alors devoir se lever vers 7 h du matin, dans une période chronobiologique à laquelle ils ne sont plus habitués.
- A l'opposé, certaines personnes âgées présentent une avance de phase, les incitant à se coucher plus tôt. Au cours du vieillissement, le sommeil s'installe bien mais perd de sa continuité et de son efficacité. Le sommeil est, en effet, en lui-même un état précaire, constamment menacé par la veille, plus particulièrement à l'endormissement et au cours des phases de transition entre le sommeil lent et le sommeil paradoxal et donc dans la deuxième moitié de la nuit. De fait, à chaque transition entre sommeil lent léger et sommeil paradoxal, l'éveil est possible et fréquent, surtout à la fin de chaque cycle de sommeil. La durée totale de veille intra-sommeil est de 60 à 120 min. chez le sujet âgé (20 min. chez le sujet jeune), la durée moyenne d'un éveil étant alors de 5 à 10 min. (< 1 min. chez le sujet jeune). La plupart de ces éveils se situent dans la deuxième partie de la nuit mais ils ont tendance à survenir de plus en plus tôt. Cette augmentation de la veille intra-sommeil a pour corollaire une diminution de l'index d'efficacité du sommeil. On note également une diminution du sommeil lent profond. Le sommeil paradoxal ne diminue pas nettement. Par contre, la latence de survenue de la première phase de sommeil paradoxal diminue avec l'âge; en outre, elle dure plus longtemps et est riche en mouvements oculaires. Lors des phases de sommeil paradoxal suivantes, la durée de chaque phase comme la densité en mouvements oculaires restent stables, sans augmentation au cours de la nuit, contrairement à ce qui est observé chez le sujet jeune. De plus, le sommeil paradoxal est très morcelé, entrecoupé de brefs épisodes d'éveil ou de sommeil lent léger.
- De très rares sujets sont incapables de conserver une relation de phase stable par rapport au rythme de 24 heures. Ils dorment tantôt le jour, tantôt la nuit. Ils suivent un rythme veille-sommeil ìen libre coursî malgré un environnement normal, dit rythme hypernycthéméral, et adoptent souvent des professions indépendantes, compatibles avec des horaires de vie peu conventionnelles. Ils sont, pour des raisons inconnues, parfaitement insensibles aux synchroniseurs externes.
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